points d'eau

Ville de Montcuq
Projet d'alimentation en eau potable

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Projet d’adduction et distribution des eaux de la source du Thouron

Dès avant 1900 le Conseil Municipal de Montcuq a le souci de la qualité de l’eau utilisée par les Montcuquois.

Plusieurs rapports font état de puits pollués. De plus la pénurie d’eau en cas d’incendie aggraverait la situation.

Le Conseil Municipal prend donc la décision d’alimenter la ville en eau potable. Nous avons retrouvé le mémoire du projet d’adduction et de distribution de cette eau.

Voici ce mémoire :


La ville de Montcuq dont la population est de 978 habitants est bâtie sur le versant Sud-Est d’un mamelon détaché du coteau qui s’élève entre la vallée de la Barguelonne et son affluent du vallon de Néguevieille. Une partie de la ville et un faubourg s’étendent en outre sur le col qui sépare le mamelon du coteau. Cette agglomération est dépourvue d’eau potable. Elle possède sept puits publics et de nombreux puits privés ne fournissant les uns et les autres que des eaux douçâtres insuffisamment filtrées par leur passage à travers le sol de la ville, suspectes de contaminations et par conséquent, impropres à la consommation. Pour s’approvisionner d’eau potable, les habitants sont obligés d’aller puiser à diverses sources, toutes situées en dehors et loin de la ville.

Préoccupés de cette situation, le Conseil Municipal a fait procéder à la recherche d’eaux de bonne qualité pouvant être canalisées sans trop de frais. Les recherches opérées dans le vallon de Néguevieille ont montré la possibilité de trouver des eaux de source abondantes et à proximité de la ville mais n’offrant que de médiocres garanties de pureté à cause de la faible profondeur de la nappe souterraine et de la culture intensive du sol. D’un autre côté, le niveau de ces eaux étant inférieur à celui de la ville, pour les utiliser, il serait indispensable d’installer et d’entretenir des machines élévatoires et les ressources limitées de la commune ne permettent pas d’engager les dépenses qui en résulteraient.

L’idée d’utiliser les eaux du vallon de Néguevieille ayant été abandonnées, les recherches ont été dirigées du côté des plateaux avoisinant la ville et le choix s’est porté sur celui du causse où prend naissance la gorge du Thouron. La partie de ce plateau qui forme le bassin versant du Thouron a une superficie de 75 hectares sur laquelle il ne se produit guère de ruissellement, les eaux s’infiltrant facilement dans le sol. Une tranchée de 4 mètres de profondeur creusée en 1900 dans la partie supérieure de la gorge a mis au jour la source dite du Thouron choisie pour l’alimentation de la ville. Les mesurages de cette source faits de 1900 à 1903 ont accusé un débit journalier de 20 m3 dans les périodes de sécheresse et de 40 m3 en moyenne en dehors de ces périodes ; le débit maximum, avant que se produise le ruissellement superficiel pourrait être de 80 m3 par jour. On peut donc admettre que la source du Thouron fournira en moyenne 40 litres d’eau et au minimum 20 litres par habitant et par jour.

L’analyse chimique et l’examen bactériologique des eaux du Thouron ont été faits au Laboratoire du Comité Consultatif d’Hygiène Publique de France. Ils ont été reconnus de bonne qualité par procès verbal du 1er mai 1901. L’examen géologique du bassin alimentaire de la source du Thouron a fait l’objet d’un rapport de M. l’Ingénieur en Chef du Service Hydraulique du département en date du 28 mars 1901, d’après lequel rien ne paraît de nature à compromettre la bonne qualité des eaux à capter.

A l’endroit où elles doivent être captées, les eaux coulent sur un banc de calcaire compact surmonté d’un banc fissuré de 0,50 mètres d’épaisseur, lequel est à son tour recouvert d’une couche de gravier et de terre de 3,50 mètres d’épaisseur.

Les travaux projetés à la source comprennent une galerie de captage accompagnée d’un filtre et d’une chambre de manœuvre, le tout recouvert de terre et par conséquent, à l’abri de la lumière, des poussières et des variations de température. La galerie sera formée d’un aqueduc voûté normal au cours d’eau souterrain. Afin de ne pas modifier le niveau d’émergence de la source, le tuyau de prise se trouvera au niveau supérieur du banc de calcaire imperméable sur lequel se produit l’écoulement souterrain. Le sol de la galerie sera creusé de manière à former un petit réservoir de 0,20 mètre de profondeur favorable à la décantation des eaux. Un fossé d’écoulement détournera les eaux de superficie et préservera la galerie de captage.

Quoiqu’il n’y ait guère à craindre que les eaux arrivent impures dans la galerie, il a été prévu, par mesure de précaution, un filtre à deux compartiments qui sera constitué au moyen de gravier stérilisé et de machefer. La porte d’entrée de la chambre de manœuvre sera munie d’une lucarne d’aération. La prise d’eau, à la sortie du filtre, se trouvera à la côte conventionnelle 196,10, soit à un niveau supérieur à la partie haute de la ville. La cuvette de réception de l’eau au réservoir de distribution sera à la côte 189,50. La différence de niveau entre les deux extrémités de la conduite d’amenée sera donc de 6,60 mètres. La source étant séparée de la ville et du réservoir de distribution par le vallon de Néguevieille, il est indispensable de recourir à une conduite forcée pour l’adduction des eaux. Le point le plus bas de la conduite sera muni d’un robinet de chasse. Cette conduite sera largement suffisante pour amener au réservoir le débit maximum utilisable de la source qui peut être évalué, comme nous l’avions indiqué plus haut, à 80 m3 par jour. Le réservoir de distribution sera construit à côté de la ville et se trouvera assez élevé pour alimenter les quartiers les plus hauts. Assez éloigné des habitations, il se trouvera cependant à proximité de deux petites granges servant de dépôt de fourrage. En admettant qu’on y logerait des animaux, il n’y aurait aucun danger de contamination des eaux à cause de la chambre de manœuvre qui séparera ces granges du réservoir. Le réservoir pourra contenir 200 m3 d’eau répartie dans deux compartiments indépendants dont l’un de 67 m3 et l’autre de 133 m3. La capacité de ce réservoir qui représente environ 200 litres par habitant est justifiée par la nécessité de régulariser le service de distribution et de répondre à l’éventualité d’un incendie. C’est surtout dans les périodes de faible débit de la source qu’une réserve d’eau sera indispensable les jours de consommation exceptionnelle tels que foires, fêtes, passages de troupe, etc …

La capacité du réservoir, sans être exagérée, permettra de parer à ces diverses éventualités.

Le débit de la source du Thouron n’étant pas assez élevé pour que la commune puisse concéder des prises d’eau aux particuliers, on ne s’est préoccupé que du service public qui sera assuré au moyen de 8 bornes fontaines réparties dans la ville selon les besoins des quartiers et d’après les indications données par la municipalité.

La conduite principale de distribution a été calculée de façon à pouvoir fournir assez d’eau pour le fonctionnement simultané des 8 bornes fontaine. Celles-ci seront en fonte, du modèle le plus simple, avec souillard.

La fourniture des tuyaux, des canalisations et des appareils de fontainerie en fonte a fait l’objet d’un traité spécial passé le 20 novembre 1903 sous réserve d’approbation entre M. le Maire de Montcuq et la Société Métallurgique du Périgord, usine de Fumel.

Les prix de ces fournitures sont ainsi arrêtés et ne pourront être modifiés quel que soit le cours des métaux au moment de l’exécution des travaux. Le montant estimatif de la dépense s’élève à 23 000 Francs.

La commune demande à bénéficier pour l’exécution du présent projet des subventions prélevées sur les fonds du Pari Mutuel en vertu de l’article 102 de la loi du 31 mars 1903. Elle couvrira la part de dépenses laissée à sa charge au moyen de ressources extraordinaires.

Montcuq, le 8 avril 1904

M-Th. Clément et J. Pavan - « Points d’Eau » - 2002

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