points d'eau

Points d'eau
Les béliers

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Il ne s'agit pas dans cet article de décrire le mouton mâle qui blatère, dit-on, lorsqu'il pousse un cri et dont les cornes enroulées sont capables de vous asséner un méchant coup dans les reins.

Il ne s'agit pas non plus de décrire cette vieille machine de guerre qui servait à défoncer les portes des forteresses …

Cependant, un point commun, un fil rouge, existe : le coup de bélier ! On connaît bien ces détonations qu'on entend parfois dans les canalisations qui ont été mal agencées et que provoquent les fermetures brusques d'un robinet.

Ce phénomène est à l'origine d'un appareil extraordinaire, fort répandu en Quercy Blanc au XIXe siècle, dans la première moitié du XXe et dont il subsiste encore quelques exemples en état de service. Nous voulons parler du Bélier Hydraulique : appareil inventé au XVIIIe siècle par l'ingénieur Montgolfier, celui-là même qui fit s'élever des ballons dans l'air et qui donc fit s'élever l'eau dans les canalisations !

En effet, ce dispositif, ni très coûteux, ni très encombrant, permet sans apport d'énergie, sans main d'oeuvre et pratiquement sans entretien d'élever de l'eau depuis une source ou un ruisseau situé en dessous d'une habitation, d'une ferme ou d'un village.

Le principe en est le suivant :

Une conduite capte l'eau et l'amène après un dénivelé plus ou moins important à la base du Bélier, dans une antichambre munie d'une soupape (clapet) qui se ferme brusquement lorsque la vitesse de l'eau atteint une certaine limite.

Tant que la soupape est ouverte, de l'eau s'échappe par un orifice, créant un jet parfois circulaire et assez joli.

Lorsque cette soupape se ferme en émettant un claquement caractéristique, la surpression produite (coup de bélier) fait s'ouvrir une soupape située sous une cloche hermétique ; de l'eau entre donc dans cette cloche et comprime l'air qui se situe dans la partie supérieure.

A un certain équilibre, la soupape se referme à nouveau et pendant que le cycle suivant recommence, l'air comprimé dans la cloche expulse l'eau en excès dans la canalisation qui va alimenter un réservoir plus élevé dans le lieu d'utilisation.

Bien entendu, le débit dépend de la dénivellation du circuit d'alimentation, de son débit et aussi de la hauteur à laquelle il faut élever l'eau et de la quantité qui doit être disponible. Différents modèles de Béliers se distinguent par leur taille (n°1 à N°7) et s'adaptent aux besoins (de magnifiques formules permettent de faire le bon choix !). Dans certaines installations, on a pu voir une élévation d'eau sur 50 mètres de dénivelé !

Dans le canton de Montcuq, un très grand nombre de béliers ont été installés, en raison d'une situation tout à fait favorable : nombreuses sources situées à mi-hauteur ou dans les combes, fermes, hameaux, maisons et villages en dessus de ces sources, besoins importants d'eau souvent difficiles à assumer avec les puits ou citernes existants …

Ainsi, entre autres, le hameau de La Briguerie et le village de Saint-Matré ont connu ce dispositif ; des projets de remise en service sont en cours et méritent d'être soutenus. Chez des particuliers, certains béliers sont encore en action.

Des entreprises proposent même d'en installer à nouveau, aussi bien ici que dans des pays en voie de développement.

L'association "Points d'Eau" vient de recevoir le don d'un de ces Béliers et compte le rénover pour le faire fonctionner et permettre ainsi au public d'admirer cette technologie ancienne, mais efficace, ni égalée, ni remplacée.

Elle possède des documents et des références sur ce thème et souhaite rassembler toute information, suggestion ou proposition à ce sujet : n'hésitez pas à prendre contact et contribuez à ce devoir de mémoire collective …

Pour conclure, on ne peut s'empêcher d'évoquer ce bruit régulier que crée la petite machine comme un cœur qui bat dans la combe, ni la gerbe d'eau qui s'en échappe tout aussi régulièrement en forme de panache cristallin.

Imaginez encore l'endroit, près de la grotte, parmi les buis et les fusains, lors de ces journées de froid vif que nous avons eues : les projections d'eau avaient formé des cathédrales de glace et un couple de rouges-gorges peu effarouchés trouvaient un peu de chaleur sur la cloche du Bélier.

Bernard Deleris - 2003

formules de fonctionnement

 

 

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