"Parmi les récipients destinés à renfermer l'eau, nous allons trouver des formes tout aussi grecques que les précédentes, à leur origine du moins. Ecartons le vulgaire cruchon, et attachons nous à la crugo, vase d'assez grande capacité que les femmes vont remplir à la fontaine et portent sur leur tête comme des canéphores*. Avec sa panse très développée, son ouverture étroite et ses anses multiples, c'est à peu de chose près une véritable Kalpis**. Seulement, dans la plupart des cas, les deux anses latérales, au lieu d'être placées horizontalement, le sont verticalement et, parfois se dédoublent en boucles superposées dont les deux supérieures vont s'implanter au goulot, comme dans les amphores et les amphorisques. D'ailleurs, semblable à cette nombreuse classe de vases grecs qui va de l'hydrie à l'amphore, par transformations insensibles, notre cruche affecte une infinie variété de formes, surtout si l'on considère les spécimens anciens qui sont souvent ornés de fleurs de lys en relief. Mais ce qu'elle présente invariablement et ce qu'on chercherait vainement sur ses congénères grecs, c'est le goulot latéral dont l'a doté le moyen âge, et qui est placé tantôt en face de la troisième anse, et tantôt, c'est le cas le plus ordinaire, est accolé au dessous d'une des quatre anses comme si l'on avait cherché à l'y dissimuler."
Jules Momméja, La céramique grecque dans le Bas-Quercy, essai de folk-lore artistique [ Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, 1897 (T22) - Source: Bibliothèque nationale de France]
* Une canéphore est une jeune fille portant des cadeaux lors de la procession des panathénées. Le mot provient d'un mot grec signifiant « porteuses de corbeilles ». (Wikipédia)
** Dans la Grèce antique, une hydrie ou kalpis (en grec ancien υδρια ou κάλπις) est un vase fermé muni de trois anses, deux latérales permettant son transport, et une à l'arrière permettant de verser. Elle est utilisée pour recueillir et transporter l'eau. (Wikipédia)